Institut Français de Civilisation Musulmane (IFCM)
Mission
Architectes et paysagistes (mandataire)
maitrise d’œuvre complète études et suivi des travaux
Maître d’ouvrage
SCI Concorde et Lumière
Surface de plancher 2 748 m²
Montant des travaux 6 800 000 € ht
Concours 2015
Livraison 2019
Un nouveau bâtiment culturel
Ce programme est un centre culturel, d’intérêt public. Il se veut ouvert à tous, lieu polyvalent, lieu d’ouverture sur le monde de l’Islam.
Il accueille spectacles, expositions, conférences, animations socioculturelles. Il est équipé d’ateliers de langues. Il vise à découvrir, partager la connaissance de la culture et la civilisation musulmane au travers de son histoire, de son actualité.
Il est implanté sur un terrain où a été construite en 1994, la grande mosquée de Lyon.
Un site fort
Le quartier du 8éme arrondissement est formé de constructions et d’architectures très hétérogènes, souvent imposantes. Campus de médecine, logements, collège, réservoirs d’eau.
Ce site pose la question, de son rapport avec les avoisinants, par leur proximité : la mosquée, et son architecture symbolique, bâtiment cultuel à la forme expressive ; les réservoirs d’eau, massifs, austères.
Il convenait de trouver la bonne échelle vis-à-vis de ces bâtiments, sur un terrain contraint, resserré.
Au sud, en contrepoint, le parc public Antonin Perrin, bel espace boisé, forme un écrin végétal.
Depuis la rue Guillaume Paradin, l’accès principal longe ce parc et débouche sur un espace clos et cadré dont le caractère apaisé, en retrait des voies publiques, est propice à ce programme.
L’emprise disponible, les prospects imposaient une implantation orthogonale rigoureuse, dans un rectangle.
Le rez-de-jardin compose avec la pente naturelle du site. Un atrium, ou rue intérieure, aménagé avec un large escalier ouvre sur un petit parvis, à l’arrière de la mosquée. Il permet ainsi de « trabouler » en traversant le bâtiment en direction de l’entrée de la mosquée et du boulevard Pinel.
Une architecture de la géométrie et de l’abstraction
L’architecture repose sur deux dimensions : l’art de la géométrie et l’art de l’abstraction.
La géométrie est dessinée par hauts portiques en pierre, qui donnent au bâtiment du rythme et de l’épaisseur. La pierre ajoute au caractère massif de cette architecture découpée et expressive…
Les portiques jouent avec la lumière et l’ombre, protègent du soleil, et constituent un filtre visuel, de l’espace public vers l’espace privé. Si l’architecture est compacte, contenue, son contenant est visible.
Cette réinterprétation du portique, crée un espace tampon, à la fois protecteur et valorisant, propice à une certaine sérénité tout en participant au confort thermique par son rôle de protection solaire.
En retrait apparaissent des façades de bois, constituées de panneaux travaillés.
L’abstraction, c’est l’interprétation de certains thèmes architecturaux, ce sont les références à l’architecture arabo-musulmane au travers des matériaux, des moucharabiehs, des claustras, de la calligraphie.
Le bâtiment renforce ici sa singularité en s’enrichissant de motifs ornementaux.
Le dessin contemporain de la volumétrie et des dispositifs constructifs est accompagné d’un travail plus fin de motifs géométriques issus de l’art traditionnel, réinterprété au travers des techniques modernes de découpe et du travail de la matière.
Mais l’écriture du bâtiment est contemporaine. Elle exprime un bâtiment ancré dans la modernité, à la fois intemporel et durable par le choix environnemental des matériaux.
Le projet propose une déclinaison de trois matériaux, chacun étant représenté dans l’architecture traditionnelle islamique.
– La pierre qui inscrit le projet dans la durée (pérennité, qualité, durabilité), forme un socle massif et les portiques des niveaux supérieurs.
– Le bois en façade dans les parties abritées. Il s’agit d’une deuxième peau plus délicate, constituée de panneaux assemblés et pouvant décliner un travail d’ornementation, apportant une ambiance chaleureuse et confortable.
– Le métal, héritage de l’artisanat traditionnel, est utilisé ici pour les éléments de protection solaire en persiennes. Il apporte ici une dimension précieuse, habillant le volume d’exposition d’une délicate dentelle, jouant avec la lumière, filtrée et réfléchie.
Le béton clair est utilisé en façade pour marquer horizontalement les différentes fonctions et adoucir la géométrie du bâtiment.
Le travail sur les protections solaires se retrouve dans des persiennes ou moucharabieh en bois qui permettent de réguler le rayonnement solaire direct.
C’est aussi l’occasion d’un travail poétique et artistique en références aux arts géométriques islamiques, en jouant avec la matière, mais aussi avec la perforation qui crée un filtre, interface entre intérieur et extérieur, entre lumière solaire et éclairage artificiel, variant au fil des heures du jour et de la nuit.
Un bâtiment fonctionnel
Le bâtiment est articulé autour d’un cœur traversant : un atrium, lumineux, qui connecte la partie basse et la partie haute du site, et permet une desserte optimale de toutes les espaces, indépendamment les uns des autres.
Des volumes clairs et lisibles traduisent le programme : chacune des différentes fonctions est clairement identifiable par la simple lecture de l’architecture extérieure.
Au rez, le volume en saillie de l’amphithéâtre suit la dénivellation naturelle du terrain, offrant ainsi une entrée basse de niveau avec l’accès principal, et une entrée haute depuis le palier donnant sur l’entrée secondaire.
Une cafétéria boutique ouvre sur le parc, et propose une petite terrasse.
En R+1, un espace d’exposition dont l’orientation est décalée, forme un volume singulier, en proue, comme une vitrine tournée vers le parc ; Il est aménagé sur une double hauteur offrant un espace d’exposition ample, et complété d’une salle pédagogique.
En attique une bibliothèque est orientée sur le parc.
Aux niveaux intermédiaires le bâtiment comprend des bureaux pour l’administration et l’animation du centre, deux niveaux d’atelier des langues et des civilisations, et enfin au niveau R+4, un espace polyvalent et modulable.
crédits photos : Renaud Araud